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Vivre à Barcelone : une infirmière française raconte sa reconversion après un burnout

Écrit parVeedushi Ble 26 Septembre 2025

Quitter un quotidien hospitalier marqué par l'épuisement pour embrasser une nouvelle vie en Espagne : c'est le tournant qu'a choisi de prendre Auriane Vimbert il y a quatre ans. Infirmière de formation, elle a trouvé à Barcelone non seulement un cadre de vie ensoleillé et inspirant, mais aussi un terrain propice à une réinvention personnelle et professionnelle. Entre la mer, l'énergie créative de la ville et une approche novatrice de l'hypnose conversationnelle, elle a su transformer l'épreuve d'un burn-out en un nouveau départ. Dans cet entretien, Auriane partage son parcours d'expatriée, ses impressions sur la vie barcelonaise et la manière dont elle a bâti une pratique thérapeutique unique, à la croisée de son expérience médicale et de son désir profond d'accompagner autrement.

Qu'est-ce qui vous a motivée à vous expatrier en Espagne, et plus particulièrement à Barcelone ?

Je vis entre Barcelone et Paris depuis 4 ans, en remontant ponctuellement à Paris (de moins en moins) pour des missions en clinique, en salle de réveil ou dans le cadre de partenariats (monde médical, sportif, etc).

Je suis infirmière de formation initiale, depuis 10 ans maintenant, j'ai 37 ans. Ce qui m'a motivé à m'expatrier, c'est un burn-out hospitalier. J'ai mis du temps à passer le cap mais ça m'a poussée à tout réorienter, professionnellement comme personnellement. Je parlais déjà espagnol, alors j'ai suivi la côte et le soleil, sans trop savoir pourquoi.

Je ne connaissais personne et c'était la première fois que je mettais les pieds à Barcelone, et pourtant, le coup de foudre a été immédiat. L'énergie de la mer, la douceur méditerranéenne et cette folie artistique… Je me suis dit : « Ce sera ici ! »

Et puis soyons honnêtes : troquer le parapluie pour les lunettes de soleil, ça aide !

Comment s'est passée votre installation dans cette ville ? Avez-vous rencontré des obstacles (administratifs, professionnels, linguistiques) ?

Mon installation à Barcelone s'est faite progressivement. J'ai commencé par des collocations, je ne connaissais absolument personne, et je crois que c'est mon chien qui m'a le plus aidée à socialiser : tout le monde me parle dans la rue grâce à lui, et c'est ainsi que j'ai pu rencontrer de bons contacts.

Parler déjà espagnol a facilité mes premiers pas, même si certains dossiers administratifs restent incompréhensibles !

Mon installation professionnelle a été assez simple, car il y a peu de concurrence. Je crois être l'une des rares à proposer ici une hypnose conversationnelle, respectueuse et transparente, bien différente de l'approche conventionnelle (où le thérapeute parle et le client reste dans un état proche du sommeil).

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans la vie quotidienne à Barcelone ?

Ce que j'adore à Barcelone, c'est cette sensation de légèreté. Les cafés où l'on s'attarde, les conversations spontanées… Cette ville invite à profiter de l'instant présent et des amis, et ça me correspond parfaitement !

Ici, les gens se parlent ! Je me sens détendue, et chaque jour, quand j'ouvre ma fenêtre, ce rayon de soleil me remplit le cœur. Je pensais que je finirais par m'habituer, mais j'ai la même sensation depuis 4 ans !

Barcelone est-elle encore, aujourd'hui, la ville accueillante qu'elle était il y a 10 ans ?

Barcelone reste une ville chaleureuse et vivante, mais comme toutes les grandes villes qui attirent beaucoup de monde, elle a un peu changé ces dernières années. Les loyers et le coût de la vie peuvent surprendre : je suis arrivée juste après la pandémie, et j'ai assisté à une hausse fulgurante des prix. Beaucoup pensent encore que l'Espagne est une destination « facile », proche et économique… mais la réalité peut être différente ! Je pense que Barcelone essaie de s'adapter et de jongler avec cet afflux, en préservant autant que possible son authenticité.

Y a-t-il des aspects de la vie en Espagne que vous trouvez particulièrement favorables à votre épanouissement personnel ou professionnel ?

Le cadre de vie mentionné précédemment. Que ce soit côté personnel ou professionnel, c'est un terrain vierge pour moi, et c'est exactement ce qui me plaît ! Il y a beaucoup à construire, à inventer, et je me sens libre d'écrire ma propre page ici. Mon approche d'hypnose conversationnelle, respectueuse et transparente, couplée à mes 10 ans d'expérience en tant qu'infirmière, principalement en réanimation et dans d'autres services, trouve un véritable écho.

J'ai une sensibilité particulière pour les situations d'errance médicale, sans doute parce que je l'ai moi-même vécue. Quand on souffre et que la médecine n'apporte pas de réponse, certaines personnes restent des années dans une douleur incomprise, parfois invalidante. On finit par se sentir à part, incompris, voire un peu fou, surtout quand on entend : « C'est dans votre tête, vos bilans sont normaux ! ». L'hypnose, elle, va directement explorer là où le corps et l'esprit dialoguent, et les résultats sont souvent spectaculaires.

Le fait qu'il y ait encore peu de concurrence me permet de développer mon activité de manière créative et authentique. C'est une énergie stimulante : chaque rencontre, chaque projet est une opportunité de grandir et de contribuer, et c'est exactement ce dont j'avais besoin pour m'épanouir professionnellement.

Comment avez-vous construit votre activité à Barcelone : est-ce plutôt une clientèle d'expatriés francophones, d'Espagnols, ou un mélange des deux ?

Je consulte en français et en espagnol. Au début, ma clientèle était surtout francophone, grâce au bouche-à-oreille, un mode de transmission humain qui me correspond parfaitement : c'est gratifiant, car tout le monde y gagne. Les personnes qui viennent à moi sont déjà informées et viennent avec une certaine confiance, ce qui rend la relation plus fluide et authentique.

Petit à petit, les Espagnols se sont ajoutés, et aujourd'hui ma clientèle reste majoritairement francophone, mais la part d'Espagnols continue de grandir naturellement.

À Barcelone comme dans le monde entier, je propose également les séances à distance, les résultats sont exactement les mêmes qu'en présentiel. Cette option est pratique et flexible : gain de temps, confort et possibilité d'accompagnement même en cas de maladie, d'immobilisation ou de phobie sociale, situations où se déplacer serait difficile.

Quelle est la perception de l'hypnose et des thérapies brèves en Espagne par rapport à la France ?

À Barcelone, la thérapie est vécue comme quelque chose de naturel. On peut tout à fait entendre « je ne peux pas demain, j'ai psy ! », et personne ne s'en cache. Ici, prendre soin de sa tête, c'est aussi normal que d'avoir un coach sportif, et je trouve ça génial.

En France, c'est beaucoup plus tabou : suivre une thérapie reste trop souvent associé à « avoir un problème ou être dérangé », alors que c'est simplement une façon saine de prendre soin de son équilibre.

L'hypnose, en Espagne comme en France, reste encore peu connue et souvent perçue comme mystique ou manipulatrice, notamment à travers l'hypnose de spectacle, qui amuse les foules mais ne reflète pas toujours une approche éthique.

Ma pratique n'a rien à voir avec ce que l'on imagine souvent. Je propose une approche comme j'aurais aimé la recevoir : pas de manipulation, pas de suggestion, tout est clair, respectueux et transparent. C'est un état d'hyper-focalisation, où l'on reste pleinement présent, conscient de soi et de l'extérieur. C'est une thérapie égalitaire, active et basée sur l'échange tout au long de la séance, car pour moi couper la communication pour régler une problématique est un non-sens.

L'hypnose est un outil merveilleux d'exploration de soi, de comprendre des émotions récurrentes, de modifier un comportement dés²¹»å²¹±è³Ùé ou de lever un blocage : peurs, angoisses, douleurs, addictions, difficultés liées au poids, à l'image et à la confiance en soi ou au sommeil. Elle permet aussi de comprendre la psychosomatique : le langage de l'inconscient qui se traduit par des douleurs, des tensions, des schémas répétitifs ou des croyances limitantes.

Elle aide à ouvrir le champ des possibles et à provoquer des déclics concrets, le tout de manière ludique et sécurisée. Il n'y a pas de limite : si votre cerveau est à l'origine de la plupart de vos problèmes, il en détient aussi les solutions !

J'adore mon métier… je crois que vous l'avez compris !

Avez-vous trouvé des différences dans la manière dont les patients accueillent ou recherchent ce type d'accompagnement ?

Pour l'hypnose, que ce soit en France ou en Espagne, je constate deux types de profils : ceux qui viennent après avoir testé diverses thérapies, mais sans véritable déclic, un peu en dernier recours ; et ceux qui pensent qu'il suffit de s'asseoir et de laisser « la magie » opérer. Beaucoup imaginent encore que l'hypnose est une solution miracle, sans effort ni introspection nécessaire.

J'ai aussi remarqué que certaines personnes ont déjà expérimenté des hypnoses passives, proches du sommeil. Ces séances donnent souvent de très bons résultats, mais ne vont pas toujours à la racine du problème. Celui-ci peut alors revenir ou se déplacer. Par exemple, on arrête de fumer mais on prend du poids, on dort moins bien, ou apparaissent des crises d'angoisse. Si l'on fume pour gérer le stress, mais que la séance est focalisée sur le tabac, on ne traite pas la cause mais le symptôme. Ce stress trouvera alors une autre issue, pas toujours meilleure que le tabac.

Ce qui est primordial pour moi, c'est de remonter à la source du problème, afin que les résultats soient durables et sans effets secondaires.

Ces expériences influencent beaucoup la manière dont les patients accueillent l'hypnose : certains viennent méfiants, tandis que d'autres recherchent une approche plus active et participative, pour travailler en profondeur.

J'aime citer une phrase que j'ai entendue : « On ne sort pas d'une pièce sans y être entré. » Pour que le travail soit efficace, il faut simplement laisser votre inconscient suivre son fil. Son rôle est de vous protéger, parfois de manière archaïque, et notre mission consiste à déchiffrer, comprendre et apaiser. C'est cette collaboration active qui permet d'atteindre l'origine du problème et d'obtenir des résultats durables.

Comment parvenez-vous à équilibrer votre propre bien-être et celui de vos patients, après avoir vous-même traversé des épreuves de santé ?

Mon chemin vers l'hypnose a commencé lorsque je travaillais en réanimation, où j'ai découvert il y a 10 ans ses résultats impressionnants. Plus tard, confrontée à de graves problèmes de santé, suivie en neurologie sans réponse, j'ai expérimenté l'hypnose conversationnelle : en six séances, mes symptômes avaient totalement disparu. Cette expérience a littéralement changé ma vie et a guidé la suite de mon parcours.

Je n'ai pas besoin de faire d'efforts particuliers pour équilibrer mon bien-être et celui des patients, car je suis en accord avec ce que je propose : le soin a toujours été ma vocation. Travailler dans l'hypnose, qui agit sur le cerveau — perception, attention, émotions, douleur, capacités — et dont les effets sont aujourd'hui confirmés par la recherche en neurosciences, me passionne. Chaque séance suit un fil singulier, celui de votre inconscient, parfois surprenant, mais toujours d'une logique fascinante !

Mon rôle est de sécuriser, pour explorer, apaiser et résoudre le problème ou le trauma, sans le revivre. Le tout se fait de manière ludique, avec une touche d'humour, qui rend possible le traitement de sujets lourds de façon légère. C'est innovant, et surtout, ça fonctionne !

Pendant les séances, je suis moi-même parfois en hypnose : absorbée, connectée et stimulée, et j'en ressors souvent avec plus d'énergie.

Quels sont vos projets à moyen ou long terme dans votre carrière à Barcelone ?

À moyen terme, je veux continuer à développer mon activité à Barcelone en élargissant ma clientèle espagnole, tout en restant fidèle à mon approche : une hypnose profondément humaine. À plus long terme, j'aimerais transmettre, former d'autres professionnels de santé et partager cette pratique. Faire évoluer la perception de l'hypnose : la sortir du cliché du spectacle pour la révéler telle qu'elle est vraiment, un outil d'exploration et de transformation accessible à tous.

Je me forme également au travail sur les champs énergétiques, que j'intégrerai prochainement à ma pratique. L'imagerie cérébrale montre que l'hypnose modifie l'activité de certaines zones du cerveau, influençant nos sensations, nos émotions et la perception de la douleur, par exemple. En ce sens, l'état d'hypnose déplace déjà de l'énergie dans le corps et agit sur les circuits cérébraux liés aux fonctions physiologiques et émotionnelles. Les champs énergétiques s'inscrivent naturellement dans cette continuité, créant une synergie thérapeutique évidente à mon sens.

Quel message aimeriez-vous transmettre aux expatriés qui traversent eux aussi des épreuves de santé ou des moments difficiles à l'étranger ?

Je leur dirais avant tout qu'il est normal de se sentir seul, dépassé ou envahi par les peurs et les doutes, d'autant plus lorsqu'on vit à l'étranger. Quand on quitte un schéma familier pour l'inconnu, notre inconscient s'accroche à ce qu'il connaît, même si c'est inconfortable : le connu reste rassurant.

L'hypnose est une alliée précieuse, c'est de la thérapie brève, parfois une seule séance suffit pour lever une peur, prendre du recul, sortir d'un état de figement et passer à l'action. Retrouver sommeil, énergie et clarté devient possible, et on gagne un temps précieux sur le plan émotionnel.

Ces moments difficiles sont aussi des occasions de découvrir ses ressources insoupçonnées. Parfois, il suffit juste d'un petit coup de pouce… et un peu d'hypnose !

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A propos de

Détentrice d'un diplôme approfondi de langue française, j'ai été journaliste à Maurice pendant 6 ans. Je compte une douzaine d'années d'expérience en tant que rédactrice web bilingue à ½ûÂþÌìÌÃ, dont cinq au poste d'assistante éditoriale. Avant de rejoindre l'équipe d'½ûÂþÌìÌÃ, j'ai occupé le poste de journaliste/reporter au sein de plusieurs rédactions mauriciennes. Mon expérience de plus de 6 ans dans la presse mauricienne m'a permis de côtoyer plusieurs personnalités et de couvrir de nombreux événements sur différentes thématiques.

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