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Instabilité mondiale : faut-il revoir ses projets d'expatriation ?

personnes a l'aeroport
YuriArcursPeopleimages / Envato Elements
Écrit parAsaël Häzaqle 05 Août 2025

Si l'expatriation reste toujours possible en 2025, elle doit nécessairement prendre en compte le contexte international. Aux lois d'immigration restrictives s'ajoutent des conflits et instabilités qui impactent les étrangers, et redessinent les contours de l'expatriation.

Conflits dans le monde : comment choisir son pays d'expatriation ?

Où s'expatrier en 2025 ? Les principaux classements pour les expats mettent en avant les opportunités professionnelles, les niveaux de salaire, les facilités à obtenir un permis de travail/de séjour… Mais les étrangers doivent aussi composer avec les conflits géopolitiques qui ébranlent le monde. Les conflits qui redessinent le paysage de l'expatriation.

Bien sûr, on continuera de choisir son pays d'expatriation en fonction de ses objectifs et centres d'intérêt : découvrir un nouveau pays, réaliser un rêve, apprendre une langue, évoluer professionnellement, avoir un meilleur rythme de vie, etc. Ce sont de puissants moteurs qui permettent de se projeter dans sa nouvelle vie à l'étranger. Il convient néanmoins de les confronter au contexte actuel. Le contexte géopolitique explosif de certaines régions du monde oblige à reporter ses projets d'expatriation, parfois, pour une date incertaine. Par exemple, lorsque le pays d'origine déconseille formellement de voyager dans un pays à haut risque (Russie, Iran, Niger, Venezuela…), il faut bien entendu suivre ses recommandations. Des précautions similaires sont à observer lorsque les voyages non essentiels sont déconseillés.

En définitive, la carte de l'expatriation doit tenir compte, et du contexte international, et des recommandations étatiques. Mais que faire lorsque les États jusqu'alors préservés des conflits se retrouvent sous le feu des bombardements ? Les expatriés au Qatar restent marqués par l'assaut éclair iranien. Si, depuis, le quotidien a repris, pour certains expats, rien ne sera plus comme avant.

Moyen-Orient : l'inquiétude des expatriés

23 juin 2025. Des missiles iraniens s'attaquent à la base américaine d'al-Udeid, installé au Qatar. L'attaque, soudaine, fait suite aux bombardements américains survenus la veille. Bombardements qui ont ciblé trois sites nucléaires iraniens. Dans un communiqué, l'Iran revendique l'attaque, mais tient à rassurer son « pays ami et frère, le Qatar » : les représailles visent uniquement les États-Unis. L'attaque « ne représente aucune menace » pour le Qatar. Réponse sèche de Doha, qui envisage alors une réponse à l'agression iranienne. Car le pays est sous le choc. Expatriés et locaux vivent des heures de paniques. Le bruit des explosions leur arrache des cris ou, au contraire, les plonge dans un état de sidération. Jamais ils ne se seraient attendus à « vivre la guerre » comme peuvent la vivre tant d'autres dans le monde.

Le Qatar se considérait jusqu'alors comme préservé des conflits au Moyen-Orient. Même sentiment aux Émirats arabes unis (EAU), au Bahreïn ou en Arabie saoudite. Pourtant, les expatriés de ces pays non frappés par des missiles ont également fait part de leur inquiétude. Ils sont bien conscients que leurs « pays refuges » sont loin d'être parfaits. Mais jusqu'alors, ils étaient préservés de la guerre. Leur stabilité a toujours été un atout pour attirer les expatriés. Au Qatar, ils représentent près de 88 % de la population. Ils sont près de 90 % aux EAU et 44 % en Arabie saoudite. Depuis, le quotidien a repris. La « guerre des 12 jours » a pris fin. Les expatriés veulent croire que jamais plus ils ne vivront ce climat de guerre. Mais pour certains, l'inquiétude reste dans un coin de la tête. Leur « pays refuge » n'est plus aussi stable qu'auparavant.

Expatriation : peut-on toujours miser sur l'Europe ?

La question peut paraître incongrue. Mais les dernières annonces des dirigeants européens inquiètent. Face à la menace russe, l'est de l'Europe est sur le qui-vive. C'est le cas de la Pologne, de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, en première ligne. C'est aussi le cas de la Finlande, de la Suède et de la France. La Finlande « se prépare au pire ». La France explique qu'une guerre pourrait avoir lieu en Europe « dans les cinq ans ». Les dirigeants ne veulent bien sûr pas créer un vent de panique. Car dans le même temps, ils s'emploient toujours à attirer talents étrangers et investisseurs internationaux. Ils appellent plutôt à une prise de conscience : l'Europe devrait se préparer à se battre pour préserver sa paix.

Comment les résidents étrangers vivent-ils ces annonces ? Le retour du discours militaire peut-il a lui seul redéfinir un projet d'expatriation ? Sans surprise, les résidents étrangers vivant en Europe partagent les craintes des locaux. Ils voudraient ne pas avoir à se « préparer à la guerre », mais souhaiteraient plutôt qu'une solution pacifique soit rapidement trouvée, et que l'Ukraine retrouve sa liberté. Le président russe inquiète. Ses projets expansionnistes ne datent pourtant pas d'hier. Mais l'instabilité géopolitique actuelle appelle à la vigilance. De là à envisager le scénario du pire ? Les étrangers comme les locaux refusent d'y penser. Plutôt que de céder à la panique, ils préfèrent continuer de vivre. Vivre son expatriation « comme d'habitude » est même, pour beaucoup, une manière de lutter contre l'oppression.

Quand les restrictions à l'entrée sur le territoire redessinent la carte de l'expatriation

Pour vivre son expatriation, encore faudrait-il pouvoir entrer dans le pays d'accueil. Le contexte international fragile a conduit les États à prendre des mesures restrictives. Certaines sont temporaires, et prises dans l'urgence. C'est le cas du Qatar, qui, suite à l'attaque de l'Iran, avait fermé son espace aérien durant quelques heures. Des dizaines de vols avaient été suspendus. Le trafic est resté perturbé les jours suivants.

Mais d'autres mesures tendent à redéfinir le paysage de l'expatriation. C'est le cas des États-Unis, qui ont réintroduit leur controversé « travel ban » : l'entrée sur le territoire américain est interdite pour les ressortissants d'une vingtaine de pays (dont l'Iran, le Tchad, le Yémen, et l'Afghanistan), officiellement, pour se protéger du terrorisme. D'autres pays subissent des restrictions au visa (Cuba, Laos, Burundi, Venezuela, Togo, Sierra Leone, Turkménistan). En représailles, le Tchad a suspendu la délivrance de visas aux Américains. L'administration Trump admet de rares exceptions pour les diplomates, les athlètes participant à Coupe du monde de football de 2026, et aux JOP (Jeux olympiques et paralympiques) de Los Angeles, en 2028.

Les restrictions d'entrée mises en place par certains États compliquent non seulement les projets des futurs voyageurs, mais impactent également les expats déjà sur place : il leur est plus difficile d'obtenir un visa pour leurs proches, par exemple. L'impact psychologique est également à prendre en compte. Les étrangers peuvent se sentir visés par ces mesures, quand bien même ils sont en règle.

Conflits dans le monde : les atteintes aux droits des personnes

On pourrait les appeler les « expatriés forcés ». Ils quittent un territoire, contre leur gré, pour être réinstallés sur une autre terre, toujours sans avoir donné leur consentement. Le droit est pourtant clair, et interdit cette pratique.

Déplacement forcé

L' rappelle que le déplacement forcé est un « mouvement migratoire […] contraint et subi, causé par plusieurs facteurs. » Le Conseil de l'Europe ajoute que ces déplacements, également appelés « transferts de population » s'opèrent à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire donné. Les « expatriés forcés » n'ont pas donné leur consentement. Leur réinstallation sur un autre territoire se fait contre leur gré. Ils peuvent être amenés à cohabiter avec des personnes déjà sur place, qui subissent également l'oppression du pouvoir coercitif. Parler de « déplacement forcé », c'est aussi parler d'expulsion, de menaces, de violences, d'oppressions pouvant aller jusqu'au nettoyage ethnique. Ces pratiques sont encore d'actualité. Le déplacement forcé est une atteinte au droit international des droits de l'homme.

On peut distinguer le déplacement forcé du fait de l'action humaine, et celui résultant d'une catastrophe naturelle. Mais dans ce second cas, les réfugiés climatiques ne sont pas à l'abri de violences plus ou moins étouffées : comment leur garantir un territoire et le respect de leurs droits et de leurs libertés ? Comment assurer de bonnes relations entre les réfugiés réinstallés et les locaux ? Car les populations réinstallées sont, le plus souvent, en situation précaire. Les organisations internationales craignent que certains États ne profitent de ces situations pour contraindre des populations déjà fragilisées.

Existe-t-il vraiment de « nouveaux pays refuges » pour les expatriés ?

11 États feraient ainsi office de nouveaux « pays refuges » des étrangers : l'Islande, le Groenland, le Chili, l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Suisse, la Nouvelle-Zélande, les îles Fidji, l'Indonésie, le Bhoutan et Les Tuvalu. Leurs principaux atouts : des États géographiquement épargnés par les guerres (Islande, Groenland…), d'abondantes ressources naturelles (Afrique du Sud, Chili…), une stabilité des institutions politiques (Nouvelle-Zélande, Suisse…).

On voit néanmoins d'emblée les limites de cette liste. Certains États ne sont choisis que pour leur position et leur surface : le Bhoutan et Les Tuvalu seraient ainsi plus facilement défendables en cas d'attaque. Mais comment survivraient ces pays devant un afflux d'expatriés ? D'autant plus que ces États subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. De même, impossible d'ignorer le marasme économique dans lequel sont plongées l'Argentine ou l'Afrique du Sud. Le Groenland doit faire face aux menaces d'annexion du président américain. Mieux vaut donc regarder ces listes avec prudence.

Les conflits dans le monde amènent-ils une nouvelle forme d'expatriation ?

Certains pays, comme la Thaïlande, sont de plus en plus considérés comme des zones sûres. De nombreux étrangers quittant l'Iran ont trouvé refuge à Pattaya. Les autorités locales constatent une baisse du nombre de touristes, mais une hausse du nombre d'immigrants (nomades numériques, familles, travailleurs…). Plus qu'une tendance, elles y voient les premiers signes d'une évolution plus profonde des motivations poussant au voyage : moins de touristes en période d'instabilité internationale, mais plus d'immigrants. Les professionnels sont appelés à se préparer à accueillir ces populations.

Il ne faut pas pour autant pas imaginer de profonds bouleversements. Les pays favoris des expatriés restent sensiblement les mêmes, malgré les menaces terroristes (notamment en Europe), les risques climatiques et les tensions politiques. Les ressortissants étrangers prennent cependant bien au sérieux les différents risques. S'expatrier, oui. Mais avec prudence.

Sources :

Vie quotidienne
A propos de

Rédactrice web spécialisée en actualité politique et socio-économique, Asaël Häzaq observe et décrypte les tendances de la conjoncture internationale. Forte de son expérience d’expatriée au Japon, elle propose conseils et analyses sur la vie d’expatrié : choix du visa, études, recherche d’emploi, vie de travail, apprentissage de la langue, découverte du pays. Titulaire d’un Master II en Droit - Sciences politiques, elle a également expérimenté la vie de nomade numérique.

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