
Ce n'est certainement pas la première idée qui traverse les couples souhaitant « officialiser » leur relation. Le choix du type d'union peut pourtant jouer un rôle important dans le projet d'expatriation. Car qui dit « mariage » dit « permis de séjour » et « droits » reconnus à l'étranger. Comment les législations des pays interprètent-elles la notion de mariage ?
Les différents types de mariages dans le monde
Si l'on pense souvent au mariage civil comme première forme de mariage, il existe d'autres possibilités pouvant conférer au couple une existence légale.
Mariage civil
C'est la forme de mariage reconnue par la majorité des États. Le mariage civil se célèbre à la mairie ou toute autre institution publique agréée (un consulat ou une ambassade, par exemple). En cas de mariage international, il convient aux futurs époux de fournir tous les documents nécessaires, transcrits dans la langue du pays qui célèbre le mariage. Si le mariage est célébré dans le pays d'accueil, le futur époux étranger devra généralement fournir un certificat de non-opposition au mariage délivré par son pays d'origine. Le mariage civil est le type de mariage reconnu par tous les États.
Mariage religieux
Contrairement au mariage civil, le mariage religieux ne bénéficie pas toujours d'une reconnaissance légale, en raison de la séparation entre la religion et l'État. Néanmoins, le mariage religieux peut être reconnu légalement dans les pays où la religion jouit d'une reconnaissance d'État.
Religion chrétienne
Les pays à tradition chrétienne peuvent accepter ou refuser de légaliser le mariage religieux. En France, par exemple, seul le mariage civil est légal. Les époux peuvent se marier religieusement, mais après leur mariage civil, ils sont au risque de ne pas être officiellement mariés. A contrario, le Danemark et la Finlande reconnaissent les mariages célébrés dans leurs églises d'État officielles, s'ils respectent les conditions du droit civil. Au Royaume-Uni, le mariage religieux a la même valeur légale que le mariage civil. Aux Philippines, le mariage catholique n'est légal que si les mariés obtiennent un certificat de mariage et suivent la procédure conforme au mariage religieux avant et après la cérémonie.
Religion musulmane
Les pays musulmans acceptent les mariages conformes à la loi islamique (charia). Les Émirats arabes unis (EAU) précisent que la charia s'appliquera en cas de mariage entre musulmans, mais aussi en cas de mariage entre un musulman et un non-musulman. Au Maroc, le mariage est à la fois civil et religieux. Il est toutefois possible de célébrer uniquement un mariage civil devant un officier d'état civil marocain. Cette disposition est surtout destinée aux non-musulmans, étrangers ou non, et aux couples mixtes. La réforme du Code de la famille marocain incite les couples mariés religieusement à procéder au mariage civil.
Religion hindoue
En mars 2017, une loi permet aux hindous pakistanais de faire enregistrer leur mariage religieux auprès des autorités civiles. Jusqu'alors, seuls les chrétiens et les musulmans pouvaient faire reconnaître leur mariage. La loi met fin à un cercle vicieux administratif existant depuis la création du Pakistan, en 1947. Un an auparavant, seule la province du sud avait légiféré pour valider les mariages hindous. L'Inde reconnaît les mariages hindous célébrés conformément à la législation sur le mariage hindou.
Mariage coutumier
Comme son nom l'indique, le mariage coutumier est essentiellement lié à la coutume du pays concerné. Il est d'ailleurs souvent associé au mariage religieux. Le mariage coutumier n'a pas de reconnaissance légale.
Le mariage interreligieux a-t-il une existence légale ?
La question se pose, par exemple, pour un couple d'expatriés ou un couple (mixte ou non) ne partageant pas les mêmes convictions religieuses. Le mariage interreligieux (interfaith marriage) célèbre, comme son nom l'indique, un mariage entre deux personnes de religions différentes. Ce type de mariage ne pose en principe aucun problème d'ordre légal, puisque le mariage reconnu sera l'union civile. Si un mariage religieux a lieu dans un pays reconnaissant son existence, ce mariage sera, en pratique, celui de la religion de l'un ou de l'autre époux.
Mariage interreligieux, mariage interculturel
Il est bien sûr possible d'organiser un mariage présentant les traditions culturelles de chacun. Il ne faut cependant pas confondre mariage interculturel et interreligieux. La cérémonie de mariage ne pourra faire coexister plusieurs principes religieux en même temps (par exemple, célébration conjointe par un pasteur, un prêtre, un imam…). Les représentants religieux rappellent la distinction entre tolérance et syncrétisme religieux. Il n'est pas possible de confesser plusieurs religions à la fois, car cela tend à vider lesdites religions de leur contenu (glissement vers le syncrétisme).
Si le mariage interreligieux entend promouvoir la tolérance, il contrevient aux fondements doctrinaux de plusieurs religions. L'islam n'autorise pas la musulmane à épouser un non-musulman, sauf s'il se convertit à l'islam. Le musulman peut épouser une non-musulmane, notamment une femme chrétienne ou juive. Cependant, il y a un débat quant à l'interprétation des textes coraniques. Le mariage entre un chrétien et un non-chrétien semble possible. Mais contrairement aux idées reçues, le mariage interreligieux est interdit par les textes bibliques. Concernant l'hindouisme, la loi sur le mariage hindou de 1955 n'autorise le mariage interreligieux qu'entre hindous, jaïns, bouddhistes et sikhs. Les personnes n'embrassant pas ces confessions doivent se référer à la loi spéciale sur le mariage de 1954.
Quels pays reconnaissent le « mariage de facto » ?
Également appelé « mariage de droit commun » (common law marriage), le mariage de facto reconnaît les concubins comme un couple marié. Il n'y a donc ni union civile ni union religieuse. Ce type de mariage reste peu reconnu. Certains États américains et australiens ainsi que certaines provinces canadiennes reconnaissent le common law marriage. En Australie, on parle de « facto partnership » ou « domestic partnership ». En Israël, le common law marriage est utilisé par les époux souhaitant éviter la cérémonie religieuse, ou par les couples LGBTQ+. En France, les mairies délivrent des certificats de concubinage. Mais contrairement au certificat de mariage, le certificat de concubinage n'a aucune valeur juridique. Les mairies ne sont pas obligées de le délivrer.
Monogamie, polygamie, polyandrie : quelle reconnaissance légale ?
La monogamie est l'organisation sociale la plus répandue. En principe, le mariage est toujours monogame. D'autres cultures se sont construites sur le modèle polygame ou polyandre.
La polygamie est autorisée au Cambodge, en Indonésie, au Cameroun, au Mali, au Burkina Faso, en Afrique du Sud… Le Sénégal, l'Algérie, les Émirats arabes unis et le Pakistan font partie des pays autorisant la polygamie en vertu de la loi islamique : l'homme musulman peut avoir jusqu'à 4 épouses, ou plus, selon les interprétations. En Arabie saoudite, la polygamie est sans limites. Mais la polygamie n'est pas pratiquée dans tous les pays musulmans. La Turquie, la Tunisie et la Guinée l'ont interdite. Aux États-Unis, plusieurs communautés mormones pratiquent la polygamie. La polygamie reste néanmoins majoritairement prohibée. On estime qu'environ 2 % de la population mondiale vit dans un foyer polygame.
La polyandrie (fait pour une femme d'avoir plusieurs maris) est beaucoup plus rare. Elle est légale au Kenya et au Gabon. En 2021, des militants des droits de l'homme ont fait pression sur le gouvernement sud-africain pour légaliser la polyandrie, au nom de l'égalité (car la polygamie est acceptée). Le projet s'inscrit dans une profonde refonte de la législation sur le mariage, qui conservait des principes hérités de l'apartheid. La proposition de loi étendrait la légalisation aux mariages hindous, juifs, musulmans et rastafaris (religion née en Jamaïque), actuellement non valides. Seul le mariage chrétien est légal.
Quels pays reconnaissent le mariage entre personnes de même sexe ?
Un nombre croissant d'États reconnaît le mariage entre les personnes de même sexe. La Thaïlande est l'un des derniers États à reconnaître le mariage pour tous. Le 18 juin 2024, le Parlement thaïlandais adopte un projet de loi sur le mariage homosexuel. La loi est promulguée le 24 septembre. Les termes « maris » et « épouses » sont remplacés par des qualificatifs non genrés : « individus » et « partenaires de mariage ». La Thaïlande rejoint le Népal, Taïwan, le Mexique, l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada et de nombreux pays européens.
En principe, les pays ayant reconnu le mariage homosexuel reconnaîtront un mariage entre deux personnes de même sexe contracté à l'étranger. Le conjoint expatrié pourra bénéficier d'un visa de personne à charge. Les droits du couple seront reconnus, au même titre que n'importe quel couple marié. Mais la reconnaissance du mariage homosexuel n'est pas automatique. Dans les pays qui prohibent le mariage pour tous, l'union de personnes de même sexe célébrée à l'étranger ne sera pas légale.
Quels sont les pays qui acceptent le Pacs ?
Pour rappel, le Pacs (partenariat de solidarité civile/civil partnership) n'est pas un mariage. Il s'agit d'un contrat entre deux personnes majeures. Selon la législation du pays, il peut être ouvert ou non aux personnes de même sexe. Comme les mariés, les pacsés peuvent opter pour la séparation de biens, la gestion contractuelle des biens ou l'indivision. Mais ils ont généralement moins de droits concernant la filiation, l'adoption, l'exercice de l'autorité parentale et l'héritage.
Le Pacs est loin d'être reconnu dans tous les pays. En principe, il n'a pas de valeur juridique en dehors du pays dans lequel il a été contracté. Mais en pratique, les États proposant le Pacs ou un contrat équivalent acceptent souvent d'accorder des droits aux couples étrangers concernés.
En revanche, certains pays interdisent les partenariats civils. C'est le cas des États appliquant le droit islamique. D'autres pays, comme le Japon, n'incluent pas cette possibilité dans leur législation. À noter que le Japon interdit toujours le mariage homosexuel, même si un nombre croissant de municipalités délivre des certificats de partenariats civils entre personnes de même sexe. La question du Pacs est donc cruciale pour les couples qui envisagent de s'expatrier. Selon le pays choisi, le mariage sera la seule solution pour obtenir un visa d'époux.
Sources :