
Originaire de Washington D.C., Sierra a posé ses valises à l'île Maurice en 2023, séduite par le visa premium et un désir de raconter son expérience. À travers son blog et sa chaîne YouTube Expat Sierra, elle partage son quotidien, ses découvertes et ses réflexions sur la vie d'expatriée. Dans cette interview, elle revient sur son installation, ses activités et sa vision de l'avenir à Maurice.
Parlez-nous un peu de vous, Sierra.
Je me décris comme une créative globe-trotteuse, le passeport rempli d'histoires et l'esprit en perpétuelle exploration. Avant de poser mes valises à l'île Maurice en 2023, je vivais à Washington D.C. C'est en 2019 que j'ai découvert l'existence de cette île, et un matin ordinaire de 2020, Google m'a soufflé une idée extraordinaire : un article sur les visas pour nomades numériques mentionnait le visa premium mauricien.
À ma grande surprise, beaucoup d'Américains ignorent encore tout de l'île Maurice. J'y ai vu une opportunité : devenir un pont entre deux mondes. J'ai donc pris la décision de m'installer sur l'île, de filmer mes découvertes et de partager mon expérience à travers mon blog Expat Sierra et ma chaîne YouTube.
Depuis, mon contenu a résonné bien au-delà des États-Unis. Il touche une audience internationale de personnes curieuses, en quête de nouveaux horizons, et qui se demandent si l'île Maurice pourrait être leur prochaine destination.
Vous êtes donc venue à Maurice avec un visa premium. Comment s'est déroulée la procédure ?
Je suis d'abord arrivée à l'île Maurice avec un visa touristique de 90 jours. Mon objectif était clair : prendre le temps d'explorer les différents quartiers avec un agent immobilier avant de m'engager sur le long terme. Une fois le bon logement trouvé et un bail locatif d'un an signé, j'ai entamé la demande en ligne pour le visa premium.
La procédure m'a vraiment surprise par sa simplicité. À vrai dire, c'est l'une des démarches de visa pour nomades numériques les plus accessibles que j'aie rencontrées jusqu'à présent. Le seul bémol : le traitement a pris un peu plus de temps que prévu, ce qui a fini par me rendre légèrement nerveuse. Mais un matin, sans préavis, le visa est simplement arrivé dans ma boîte mail.
Vous êtes un peu une ambassadrice américaine de l'île Maurice. Quels sont les profils qui s'intéressent le plus à cette destination ?
Je plaisantais récemment avec quelqu'un en disant que je me sens un peu comme une ambassadrice américaine à l'île Maurice. Beaucoup de personnes découvrent l'île en cherchant sur Google ou YouTube, et c'est souvent à ce moment-là qu'elles tombent sur mon contenu. Sans l'avoir vraiment planifié, je me retrouve à jouer un rôle de guide pour ceux qui envisagent de s'installer ici.
C'est une excellente question, d'ailleurs. D'après ce que j'ai pu observer, la majorité des personnes intéressées par l'île Maurice se situent dans la tranche des 50 à 60 ans. Une vidéo Instagram que j'ai publiée en début d'année sur le visa retraite mauricien — destiné aux plus de 50 ans — est devenue virale. Depuis, j'ai reçu une avalanche de messages : comment faire la demande, où consulter les critères, quels sont les meilleurs quartiers, etc.
À côté de ce public, il y a aussi les professionnels qui envisagent de venir travailler à Maurice, souvent attirés par le cadre de vie et les opportunités à distance. Et puis il y a les familles, qui posent surtout des questions sur les quartiers résidentiels, les écoles et le coût du logement.
Que représente l'île Maurice pour vous ? Dites-nous ce que vous aimez le plus et le moins, et ce que vous ressentez pour l'île.
Je voyage depuis l'âge de 17 ans, pour des raisons diverses, mais l'île Maurice est aujourd'hui l'endroit où j'ai passé le plus de temps en dehors des États-Unis. Ce que j'aime ici, c'est avant tout la beauté naturelle. Je resterai toujours une citadine dans l'âme, mais il y a quelque chose dans les chaînes de montagnes majestueuses, les eaux turquoise et la biodiversité luxuriante qui continue de m'émerveiller, jour après jour.
Cela dit, vivre ici n'est pas sans défis. L'un des aspects les plus frustrants, selon moi, reste la qualité du service client. Je crois profondément au succès client — cette idée que l'expérience vécue par le consommateur est directement liée à sa fidélité. Heureusement, deux de mes établissements préférés à l'île Maurice l'ont bien compris : leur sens de l'accueil, leur attention aux détails et leur constance font toute la différence, du moment où je passe la porte jusqu'à ma sortie.
À l'inverse, je suis aussi souvent tombée sur une mentalité du type « à prendre ou à laisser ». C'est décourageant pour le consommateur et, en ce qui me concerne, cela m'a rendue d'autant plus fidèle aux établissements qui font de vrais efforts pour offrir une expérience chaleureuse et attentionnée.
Si je devais résumer ce que je ressens aujourd'hui vis-à -vis de l'île Maurice en un mot, ce serait : espoir. J'espère voir le pays devenir encore plus accueillant pour les nomades numériques de la génération Y dans les années à venir. J'imagine une île connectée et dynamique, avec un métro express étendu vers de nouvelles régions, des services de livraison dotés de suivi en temps réel, plus d'options saines et inclusives dans les cafés et supermarchés — pour les régimes végétariens, sans gluten ou keto — ainsi que des programmes de fidélité axés sur un service client plus empathique, gratifiant et durable.
Sur le plan professionnel, que faites-vous à l'île Maurice ?
Je suis clairement une touche-à -tout. Récemment, j'ai commencé à travailler pour une organisation spécialisée dans la collecte et la redistribution des droits d'auteur pour les artistes musicaux dont les œuvres sont diffusées en streaming. C'est un univers passionnant, à la croisée de la création, de la technologie et des droits culturels.
En parallèle de ce travail à temps plein, je poursuis mes activités en freelance. Je suis webdesigner, blogueuse, vidéaste et professeure d'anglais langue seconde. Ces rôles me permettent d'explorer différentes facettes de la communication, de la pédagogie et de la création visuelle — tout en gardant une certaine indépendance et une grande richesse dans mon quotidien professionnel.
Comment trouvez-vous l'équilibre entre vos différents rôles : blogueuse, vidéaste, prof d'anglais et professionnelle dans la musique ?
Je crois fermement en l'équilibre entre un emploi et un rêve — du moins jusqu'à ce que l'on puisse vivre pleinement de sa passion. C'est peut-être une façon de penser typiquement américaine, mais j'ai toujours eu ce besoin de « faire », de me sentir productive. Mon temps libre, s'il en reste, est souvent dédié à un projet créatif. Cela peut paraître intense, mais comme je fais ce que j'aime, je n'ai jamais vraiment l'impression de travailler.
Comment rencontrez-vous des Mauriciens ou d'autres expatriés en tant que nomade digitale ?
J'ai trouvé que le centre de l'île offrait une ambiance plus familiale, ce qui m'a permis de découvrir un mode de vie plus local, loin des zones touristiques. Avec le temps, j'ai rencontré des Mauriciens bienveillants qui m'ont aidée à mieux comprendre mon environnement et à découvrir la culture mauricienne avec un regard authentique.
Lorsque je vivais dans le nord, il était assez facile de rencontrer d'autres expatriés — les occasions sociales étaient nombreuses. Mais après mon déménagement vers le centre de l'île, les choses ont changé : les rencontres étaient moins spontanées, et le sentiment d'isolement s'est un peu installé. C'est là que j'ai rejoint une communauté en ligne appelée The Expat Woman, qui organise des appels mensuels entre femmes expatriées du monde entier. Ces échanges m'ont apporté un vrai sentiment d'appartenance et de compréhension. Quand on vit à l'étranger, partager ses expériences avec d'autres personnes qui comprennent vraiment ce que cela implique peut faire toute la différence.
Je suis convaincue qu'il est essentiel, pour tout expatrié, de trouver un équilibre entre les amitiés locales et les relations avec d'autres expatriés. L'un ne remplace pas l'autre, et chacun joue un rôle important dans l'intégration et le bien-être.
Avez-vous pu rencontrer d'autres entrepreneurs sur l'île ? Est-ce facile ?
Oui, j'ai eu l'occasion de rencontrer quelques entrepreneurs lors d'événements de réseautage. Ce que j'apprécie à l'île Maurice, c'est qu'il reste encore beaucoup d'espace pour l'innovation. On sent que des idées nouvelles peuvent réellement y voir le jour, et que l'écosystème est encore en construction, ce qui crée des opportunités concrètes pour ceux qui ont envie de bâtir quelque chose.
Cela dit, il y a un manque : à ma connaissance, il n'existe pas de plateforme centralisée pour trouver facilement les événements de networking organisés sur l'île, notamment ceux qui ont lieu chaque mois. C'est une lacune… mais aussi, peut-être, une idée d'entreprise à creuser !
Vous avez aussi un blog avec un annuaire des restaurants sans gluten et vegan-friendly. Qu'est-ce qui vous a motivée à le créer ?
Je suis une grande amatrice de bonne cuisine, mais avec les années, j'ai développé plusieurs intolérances alimentaires. Si j'adore la richesse et la diversité de la cuisine mauricienne, cela a parfois été un défi : je suis allergique au lait et au gluten. C'est au cours de ma première année à Maurice que j'en ai vraiment pris conscience, et comme beaucoup d'entrepreneurs, j'ai voulu répondre à un besoin que je ressentais moi-même.
J'ai passé plusieurs semaines à écumer Facebook, Instagram et Google à la recherche d'établissements proposant des options ²¹»å²¹±è³Ùées. À force de recherches, j'ai fini par créer un annuaire en ligne regroupant les restaurants, cafés et commerces de l'île proposant des alternatives vegan ou sans gluten. On y trouve les noms, localisations, types d'établissement, numéros de téléphone, et une courte description de chaque lieu.
Visiblement, cet outil comble un vide, car Google me montre que de nombreux visiteurs — notamment venus d'Europe — consultent cet annuaire pour s'orienter. Aujourd'hui, j'y ai répertorié plus de 92 établissements, tous accessibles depuis mon blog Expat Sierra.
Comment profitez-vous de la cuisine mauricienne malgré vos intolérances ? Est-ce que vous cuisinez ?
En raison de mes intolérances, je privilégie souvent la cuisine maison aux repas à l'extérieur. Cela peut parfois limiter les découvertes culinaires spontanées, mais j'ai aussi vu l'offre évoluer. De plus en plus de cafés, restaurants et supermarchés à Maurice commencent à proposer des produits ²¹»å²¹±è³Ùés — sans gluten, sans lactose, ou vegan — et c'est une tendance encourageante.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les statistiques de mon annuaire montrent clairement qu'il existe un intérêt croissant pour une alimentation plus inclusive. Et qui dit intérêt, dit aussi opportunité : pour les entrepreneurs, c'est un secteur encore jeune mais prometteur. J'espère sincèrement que Maurice poursuivra dans cette voie et deviendra une destination plus accessible pour tous les profils alimentaires.
Quel est votre plat ou snack mauricien préféré ?
Dans un monde idéal, je mangerais de la salade de mangue mauricienne tous les jours !
Quel a été le moment fort de votre expérience à l'île Maurice ?
L'un des moments forts de mon séjour à Maurice a été cette journée inoubliable passée à l'aquarium Odysseo, à Port-Louis, où j'ai eu la chance de travailler aux côtés de biologistes marins. C'était un rêve d'enfant devenu réalité. Le temps d'une journée, j'ai enfilé la casquette de biologiste : j'ai découvert les coulisses de l'aquarium, participé aux soins des espèces, et appris une foule de choses sur la faune marine de l'océan Indien.
Cette expérience unique m'a profondément marquée. Pour tous les amoureux de la nature — petits ou grands — je la recommande sans hésiter.