
La crise du logement n'a pas fini de sévir. C'est le cas en Espagne, où la flambée des loyers pousse les locaux et les étrangers hors de leur logis. Où faudrait-il vivreÌý? Certains s'éloignent toujours plus loin pour espérer trouver un logement décent. D'autres font le choix de partir. C'est le cas de plusieurs expatriés, pour qui l'Espagne d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier.
Très chers logements
« Pourquoi les loyers coûtent-ils si chersÌý? » « Où trouver un logement abordableÌý? » Telles sont les questions des expats partagés entre leur envie de rester en Espagne, et la pénurie de logements abordables, qui tendent à remettre en cause leur projet d'expatriation. Partir ou resterÌý? Même les futurs expats se posent la question. Ils partagent leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux, comme ce couple belge avec un enfant en bas âge, qui se demande comment vivre en Espagne. Le couple envisage deux options : créer son entreprise ou travailler dans le secteur des transports. Mais l'installation sera-t-elle seulement possibleÌý? Existe-t-il des aides pour les étrangers voulant se loger en EspagneÌý?
Partir ou rester en Espagne ? Les expatriés s'interrogent
Les questions de ce couple de futurs expatriés font écho à celles d'autres expatriés, vivant déjà en Espagne, mais poussés vers la porte de sortie à cause du coût élevé des logements. Sur le forum de la communauté ½ûÂþÌìÌÃ, les messages de réconfort viennent soutenir les expats contraints de quitter l'Espagne. C'est le cas de Paola, qui, après 3 déménagements en 3 ans, n'a pas d'autre choix que de quitter l'Espagne pour revenir vivre en France. Un crève-cÅ“ur pour cette résidente qui aime profondément le pays. « Mais c'est trop difficile de se loger », conclut-elle.
La question du logement se pose aussi pour les étrangers voulant devenir propriétaires. Une Européenne anciennement immigrée aux États-Unis, et détentrice de la fameuse carte verte, s'interroge : doit-elle rester en Espagne ou retourner aux États-Unis ? Son mari et son enfant sont américains. Si elle a choisi l'Espagne, c'est parce qu'elle y vivait il y a 10 ans. Elle réalise néanmoins que l'Espagne n'est plus la même que dans ses souvenirs. Moins d'un an après son expatriation, elle fait le bilan : « acheter une maison ici ne sera pas aussi facile que je le pensais […] Les prix des maisons sont beaucoup plus élevés que je le pensais (je suppose que j'ai naïvement [pensé que les prix seraient les mêmes] qu'il y a 10 ans. Il est beaucoup plus difficile d'obtenir une hypothèque en tant qu'étranger si vous n'avez pas plusieurs années d'historique fiscal ici. » Partir, ou resterÌý? La résidente européenne craint de perdre sa carte verte si elle choisit de rester en Espagne. Que se passerait-il si elle et/ou son mari américain perdent leur emploiÌý? Ne serait-il pas plus judicieux de rentrer aux États-Unis, au moins jusqu'à l'obtention de la citoyenneté américaineÌý?
Une crise qui dure
La demande est là , mais l'offre ne suit pas. En Espagne, on ne construit qu'environ 100 000 nouveaux logements par an. La demande augmente de 300 000 chaque année. Les prix explosent. Sans surprise, la pénurie de logements frappe les budgets les plus modestes, et pousse locaux et étrangers loin des quartiers gentrifiés de Madrid ou de Barcelone. Principales causes de cette crise : un coût de la construction toujours plus élevé, qui a encore bondi depuis la pandémie (à cause de la flambée du coût des matières premières et du coût de l'énergie), une spéculation des investisseurs (notamment étrangers), un boom des locations de courte durée, et une lenteur administrative dénoncée par les constructeurs et promoteurs immobiliers. Résultats : les loyers atteignent des sommets. +80 % en moyenne, à peine 10 ans. Si hausse des prix de l'immobilier touche toute l'Europe, et s'observe dans d'autres pays du monde, elle est particulièrement visible en Espagne.
La colère gronde chez les locaux. Certains accusent les étrangers d'être à l'origine de cette crise. Les étrangers exposés aux mêmes difficultés que les Espagnols se sentent injustement pointés du doigt. Ils regrettent la gentrification qui transforme les villes touristiques en cités pour riches et pour des locations à courte durée. Ils dénoncent aussi les salaires qui stagnent, alors que les loyers flambent. L'État espagnol tente d'éteindre l'incendie. Plusieurs mesures ont été annoncées : encadrement des loyers, augmentation des taxes sur les investissements immobiliers des étrangers non européens, limitation des logements Airbnb… Le maire de Barcelone voit de premiers résultats positifs, avec une baisse de 8 % des loyers, après les premières mesures d'encadrement prises par les autorités. Toujours à Barcelone, il est prévu de supprimer toutes les annonces Airbnb d'ici 2028. Quelque 10 000 logements seraient ainsi réintégrés au parc locatif traditionnel.
S'expatrier en Espagne : Ã quoi s'attendre ?
Bien entendu, le contexte socio-économique actuel n'empêche pas les nouveaux projets d'expatriation. Si des étrangers quittent l'Espagne, d'autres arrivent. Mais les premiers avertissent les seconds. Madrid et Barcelone ne sont pas l'Espagne. Le logement étant l'un des principaux postes de dépense, il convient de faire son choix avec minutie. Cependant, si les expats se reportent souvent sur les grandes villes touristiques, c'est parce qu'ils estiment avoir plus de chances d'y trouver un travail. Mais à quel prixÌý? Bien penser son premier d'expatriation pour bien choisir sa ville d'accueil reste l'un des premiers conseils des étrangers vivant en Espagne.
Autre conseil primordial : la langue. Parler espagnol, c'est accéder au marché de l'emploi local. Il en va de même pour le marché du logement. Là encore, c'est un conseil de bon sens. Ici, il ne s'agit pas de maîtriser parfaitement l'espagnol, mais de le maîtriser assez pour réussir son intégration. L'application de ces conseils n'est cependant pas une recette miracle. Rien n'indique que la route sera toute tracée pour les expatriés parlant espagnol et vivant loin des villes touristiques. Mais ils seront assez armés pour comprendre les aléas du marché locatif et prendre la meilleure décision, selon leur situation.
Sources :