
Dans le budget national 2025–2026, le gouvernement mauricien a annoncé son intention d'investir plusieurs millions de roupies dans la marque « Study Mauritius ». Cette initiative vise à positionner Maurice comme un hub régional de l'enseignement supérieur, capable d'attirer des étudiants venus d'Afrique, d'Asie et d'autres régions du monde. Quels sont les programmes et les mesures phares prévus dans le cadre de cette stratégie, et en quoi pourraient-ils séduire les étudiants internationaux ?
L'enseignement supérieur devient un secteur économique stratégique
La volonté de faire de Maurice un hub international de l'enseignement supérieur s'inscrit dans une stratégie plus large de diversification économique. Le pays cherche à se repositionner dans un contexte postpandémique, où certains piliers traditionnels de son économie, comme le tourisme, peinent à retrouver leur dynamisme d'avant-crise.
Selon les données publiées par la Mauritius Tourism Authority en décembre 2024, le nombre de touristes enregistrés sur une période de haute saison de deux mois demeure inférieur de quelque 100 000 visiteurs par rapport aux chiffres de 2019. Face à cette baisse persistante, le gouvernement se tourne vers des secteurs jugés plus résilients et générateurs de revenus étrangers. L'enseignement supérieur figure désormais parmi les axes de développement prioritaires.
Dans son discours budgétaire prononcé début juin, le Premier ministre, Dr Navin Ramgoolam, a exposé les grandes lignes de cette nouvelle orientation. Voici les mesures clés prévues pour renforcer l'attractivité du secteur :
- Inciter les universités étrangères à implanter des campus et à proposer des formations à Maurice.
- Collaborer avec des partenaires privés pour élaborer une stratégie de marketing international autour de la marque « Study Mauritius ».
- Doubler le nombre d'étudiants internationaux d'ici 2028. Selon la Higher Education Commission (HEC), Maurice accueillait environ 3 000 étudiants internationaux en 2023. L'objectif est d'atteindre plus de 6 000 inscrits dans un délai de trois ans.
- Construire une résidence universitaire à Réduit, pôle éducatif majeur de l'île qui abrite déjà des institutions comme l'Université de Maurice, l'Open University of Mauritius, le Mauritius Institute of Education et Polytechnics Mauritius.
- Allouer 438 millions de roupies (soit environ 10 millions de dollars américains) à l'amélioration des infrastructures dans les établissements d'enseignement.
- Créer un Conseil national de l'éducation et un Conseil consultatif des programmes pour renforcer la qualité de l'enseignement, notamment au niveau universitaire.
- Investir dans la recherche et l'innovation, pour faire de Maurice non seulement un pôle d'accueil de savoirs, mais également un lieu de production intellectuelle et scientifique.
Dès le début du mois de juin, le ministère de l'Enseignement supérieur, des Sciences et de la Recherche a organisé le Higher Education Summit 2025, rassemblant universitaires, chercheurs, étudiants, employeurs et décideurs publics. Cette rencontre visait à poser les jalons d'une feuille de route pour l'internationalisation du secteur. D'autres annonces sont attendues au cours des prochains mois.
La qualité et l'accessibilité de l'enseignement mauricien séduisent les étudiants indiens et africains
Le rapport A Snapshot of Participation in Tertiary Education 2023, publié par la Higher Education Commission (HEC), fournit des informations précises sur le profil démographique des étudiants internationaux à Maurice. Un peu plus de 30 % d'entre eux viennent d'Inde, tandis que les autres sont originaires de divers pays africains, principalement Madagascar, le Nigeria, le Kenya, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et la Tanzanie.
Selon ce rapport, la combinaison entre la qualité de l'enseignement et son accessibilité financière constitue l'un des principaux atouts de l'île. Maurice accueille en effet plusieurs campus internationaux d'universités renommées, notamment Middlesex University (Royaume-Uni), l'Université Paris-Panthéon-Assas (France) et Curtin University (Australie). Pour les étudiants issus de pays en développement, accéder à ces établissements directement en Europe ou en Océanie représente souvent un coût prohibitif. Étudier à Maurice leur permet d'obtenir les mêmes diplômes internationaux dans un environnement plus abordable et plus proche géographiquement.
Les disciplines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sont largement privilégiées par ces étudiants, en particulier la médecine et l'informatique. Cette orientation académique s'aligne avec les objectifs du gouvernement mauricien, qui souhaite renforcer la recherche et l'innovation scientifique à l'échelle nationale.
Le stress lié au logement pourrait être atténué grâce au nouveau foyer pour étudiants internationaux
Le logement reste un défi de taille pour les étudiants étrangers à Maurice. En raison de la petite superficie de l'île et de la forte culture familiale, la majorité des étudiants mauriciens poursuivent leurs études tout en vivant chez leurs parents. Ils se rendent à l'université quotidiennement en métro, en bus ou en voiture. Ce modèle local a historiquement limité la demande pour des logements étudiants.
En conséquence, les rares résidences existantes sont généralement gérées par des universités privées ou internationales, comme Middlesex University Mauritius. Les institutions publiques, telles que l'Université de Maurice, ne disposent que de très peu, voire d'aucune infrastructure d'hébergement dédiée.
Pour les étudiants internationaux, cela signifie devoir trouver un logement à louer sur le marché privé – souvent en colocation pour réduire les coûts. Or, même une maison modeste peut se louer aux alentours de 15 000 roupies par mois (environ 335 dollars US), un montant proche du salaire minimum national fixé à 17 110 roupies (382 dollars US). Si ce tarif peut sembler raisonnable pour des étudiants venant de pays à revenu élevé, il constitue un obstacle financier important pour ceux originaires de Madagascar, d'Inde ou d'autres pays en développement.
Dans ce contexte, la construction d'un foyer étudiant public, prévue à Réduit, à proximité immédiate des principales universités publiques, pourrait réduire la pression liée au logement. Ce projet vise à offrir une solution accessible, encadrée et 岹ée aux besoins des étudiants étrangers, contribuant ainsi à améliorer leur expérience de vie et d'étude à Maurice.
Sources :