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Comment gérer vos allergies au quotidien à Maurice ?

femme qui eternue
Rawpixel / Envato Elements
Écrit parLaura Barangerle 21 Octobre 2025

Pour ceux qui souffrent d'allergies, Maurice peut représenter des défis. Plusieurs expats sur les groupes Facebook ou forums évoquent leur appréhension : « va t il y avoir des médecins compétents ici ? », « comment gérer les restaurants, le pollen, les allergènes marins ? ». On explore les réalités concrètes de la vie quotidienne avec des allergies à Maurice.

Le paysage allergène mauricien : à quoi s'attendre ?

Maurice n'est évidemment pas une île sans allergènes. La saison de coupe de la canne à sucre, par exemple, est un moment particulièrement délicat : la floraison, la poussière et les brûlis de la canne peuvent accroître les particules dans l'air et provoquer des gênes chez les personnes sensibles.

Le climat tropical, l'humidité et la végétation luxuriante influencent l'air que l'on respire. Pollen, spores de moisissure, acariens sont omniprésents. Le Dr Nitesh Mosawa, allergologue, évoque des cas fréquents de rhinite allergique.
Quelques défis typiques :

  • Humidité : favorise la formation de moisissures dans les murs, plafonds, climatisations mal entretenues.
  • Poussières tropicales : sur les chantiers, dans les zones urbaines, dans les zones agricoles, les particules peuvent irriter les voies respiratoires.
  • Pollution intérieure : ventilation insuffisante, fumées domestiques ou de cuisine
  • Pollution extérieure : gaz d'échappement, déchets brûlés…

Dans les forums, on trouve des témoignages :

« Mon partenaire souffre d'allergies assez graves aux noix et aux fruits de mer. J'ai un peu peur que ce soit un peu dur pour lui, surtout en ce qui concerne la contamination croisée dans les cuisines, etc. »

« J'ai déjà eu deux cas d'anaphylaxie ici, mais le service d'urgence de Grand Baie m'a aidé. Le souci, c'est que parfois le personnel change et n'est pas toujours informé. »

Les plantes allergènes à Maurice

Quand on pense “allergie”, on imagine souvent un paysage printanier, des nuages de pollen dans l'air et des yeux qui pleurent. Les saisons polliniques sont souvent bien identifiées et redoutées (coucou bouleau et graminées). Mais à Maurice, c'est une autre histoire.

Sur une île tropicale, le rythme des saisons est moins marqué et les végétaux peuvent fleurir à des périodes plus étalées dans l'année. Les pollens ne sont pas absents, mais leur impact semble plus diffus… et bien moins sévère que ce que redoutent les nouveaux arrivants allergiques.

Les rares études cliniques menées sur l'île – dont celle de Guerin, Levy et al. (1992) publiée dans Allergy – ont montré que les acariens de maison (Dermatophagoides pteronyssinus) sont les principaux responsables des allergies respiratoires à Maurice, bien loin devant les pollens ou les moisissures. Selon cette étude, 61 % des patients allergiques testés présentaient une sensibilisation aux acariens, contre à peine quelques pour cent pour les pollens de graminées, les moisissures ou les squames animales. Rien d'étonnant : dans un climat chaud et humide, ces micro-organismes prolifèrent dans les matelas, oreillers, rideaux, tapis et peluches. Et ils ne prennent pas de vacances.

Ces données sont confirmées par le Dr Teelucksingh et le Dr Moote. Dans leurs observations cliniques, les rhinoconjonctivites et asthmes allergiques sont majoritairement liés aux allergènes domestiques, comme les acariens, les spores de moisissures et les poussières intérieures.

En comparaison, les pollens n'apparaissent que rarement dans les bilans allergologiques, à l'exception de quelques herbacées locales comme le Bermuda grass (Cynodon dactylon), qui provoquent des réactions chez une minorité de patients. Les flamboyants et bougainvilliers, parfois désignés à tort comme “coupables”, ne figurent dans aucune étude clinique mauricienne comme allergènes majeurs. Leur pollen est lourd, peu volatile et souvent transporté par les insectes plutôt que par le vent. Donc peu de risque d'en avoir plein les narines. En langage d'allergologue : on les classe dans la catégorie “pollen à faible potentiel allergisant”.

Cela dit, certaines personnes très sensibles peuvent ressentir une gêne, surtout si elles sont déjà allergiques à d'autres choses. Une allergie croisée ou une réaction d'irritation des voies respiratoires n'est pas à exclure.

Conseils utiles :

  • Aérez plutôt tôt le matin ou tard le soir, quand le pollen est moins volatil.
  • Évitez de faire sécher votre linge dehors pendant la floraison.
  • Envisagez d'investir dans un purificateur d'air avec filtre HEPA.

Les allergies alimentaires

Quand on souffre d'allergies alimentaires, le mot magique est la communication. Dans certains restaurants touristiques ou hôtels, le personnel est habitué à des demandes spéciales : “sans noix”, “sans crustacés”, etc. Certains établissements haut de gamme affichent des menus allergènes ou sont prêts à adapter des plats.

Mais attention : dans les cuisines locales, le risque de contamination est réel. Mêmes ustensiles, huile partagée, traces involontaires. Mieux vaut donc être clair, prévenir que c'est une allergie, et pas une préférence culinaire.

Les marchés locaux sont aussi un terrain miné pour celui qui doit éviter certains ingrédients. Les vendeurs ne sont pas toujours au courant des composantes “cachées”. Parfois, des sauces ou marinades incluent des allergènes. Il faut donc questionner, demander les ingrédients et parfois éviter certains stands.

Pour les produits emballés, l'étiquetage existe, mais il n'est pas toujours aussi exhaustif qu'en Europe.

Si vous avez des doutes, mieux vaut cuisiner vous-même, acheter des aliments sûrs en supermarché local et planifier vos repas plutôt que de dépendre uniquement des restaurants.

Insectes, piqûres et grosses frayeurs tropicales 

Certaines allergies ne viennent pas de l'assiette… mais de la nature sauvage et (parfois) très piquante de l'île.

Parmi les plus redoutées :

  • Les guêpes locales, leur piqûre peut être douloureuse, et provoquer une réaction allergique immédiate chez certaines personnes (œdème, urticaire, voire choc anaphylactique dans de rares cas).
  • Les scolopendres (centipèdes géants). Oui, ça existe vraiment, et non, ce n'est pas une légende urbaine pour faire peur aux touristes. Ces créatures aiment les coins humides et sombres, et leur morsure peut provoquer une réaction locale très inflammatoire… voire un passage aux urgences si vous êtes allergique ou très sensible.
  • Les fourmis rouges : leur morsure peut provoquer un œdème, entraîner des cloques, et dans certains cas rares, déclencher une réaction allergique systémique.
  • Les moustiques : même si on ne parle pas d'allergie ici, certaines personnes font des réactions fortes aux piqûres de moustiques : gros boutons, démangeaisons intenses et inflammations persistantes.

Conseil : ayez toujours une trousse de secours bien fournie, contenant un antihistaminique, de la crème corticoïde, et, pour les allergiques sévères, une injection d'adrénaline (type Epipen). Et surtout, informez vos proches de ce qu'il faut faire en cas de piqûre.

Autre astuce : pensez à garder à portée de main une pompe à venin, en pharmacie, pour les piqûres d'insectes ou de scolopendres. Ce n'est pas miraculeux, mais ça peut limiter la diffusion du venin et calmer l'inflammation.

Le système de santé : que trouver ici ?

La question revient souvent sur les forums : « Y a-t-il des allergologues ou des pédiatres spécialisés ? » 

Oui, il y a des spécialistes. Nous citions plus haut le Dr Nitesh Mosawa, allergologue à Curepipe. Le nom du Dr Pillai, installé à Beau Bassin, revient également. Il est réputé pour son écoute, sa connaissance fine des allergies respiratoires (asthme, rhinites, allergènes environnementaux) et son suivi de long terme. Le Dr Aksha Valjee Dinassing exerce, quant à lui, à Phoenix.

Pour les enfants, le Dr Amatally est recommandé à la Clinique C-Care Darné, un pédiatre ayant une approche globale des pathologies allergiques chez l'enfant. Il travaille en lien avec des spécialistes en ORL ou des dermatologues si besoin.

Même s'il existe des structures de santé privées très bien équipées (comme C-Care Wellkin Hospital, C-Care Darné, City Clinic), le nerf de la guerre reste l'accès aux traitements spécifiques.

Il est donc recommandé d'arriver avec un stock (minimum de 3 mois si vous êtes sous traitement régulier) et de conserver une ordonnance internationale à jour. Certains expats passent aussi par des services de réapprovisionnement depuis l'Europe via colis médical ou avec l'aide de proches.

Une communauté qui s'organise : l'initiative d'une expat gluten-free

Parmi les défis les plus fréquemment évoqués par les expatriés allergiques, celui du gluten est omniprésent. Il faut dire que dans une île où les dholl puris,  les rotis, les mines frits règnent sur les étals, trouver des options sans gluten relève parfois du parcours du combattant.

Et pourtant… Certains prennent les choses en main. Comme cette expatriée qui partage sur les réseaux son parcours : « Je suis une nouvelle expat à Maurice et je suis allergique au gluten. Avant de venir ici, j'ai écumé les groupes Facebook, , et tous les recoins d'Internet pour dénicher des établissements qui proposent des options sans gluten. Et comme beaucoup de personnes souffrant d'allergies, j'ai dû me montrer créative ! » Mais au lieu de s'arrêter là, elle a décidé de compiler une liste en ligne de près de 70 cafés, restaurants et pop-ups à Maurice qui proposent des options « allergen-friendly ». Une pépite .

Son objectif : faciliter la vie d'autres allergiques, qu'ils soient cœliaques, intolérants ou juste sensibles à certains ingrédients. Et surtout, leur montrer qu'on peut encore se faire plaisir à table sans risquer un aller-retour aux urgences.

Sa ressource permet de repérer facilement les lieux où vous pourrez manger tranquille, sans demander trois fois « Vous êtes sûr qu'il n'y a pas de farine dans ce plat ? ».

Cette initiative citoyenne prouve une chose : on est rarement seul avec ses contraintes alimentaires. Et à Maurice, même si l'offre est encore limitée sur certains produits (les pains sans gluten sont souvent importés et assez chers), des solutions émergent grâce à la solidarité. Voici, par exemple, le groupe .

Alors, si vous vivez avec une allergie, vous pouvez respirer un peu plus sereinement. Et si vous êtes du genre à aimer partager vos trouvailles, n'hésitez pas à faire comme elle : partagez, listez, documentez ! Votre expérience pourra éviter bien des sueurs froides à ceux qui arrivent après vous.

Գé
Ile Maurice
A propos de

Globe-trotteuse dans l’âme, j'aime donner vie aux idées, aux histoires et aux rêves les plus fous. Aujourd’hui installée à l’île Maurice, je prête ma plume à et à d’autres projets inspirants.

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